The following is the available program of the Journée d’études transdisciplinaire:
Journée d’études transdisciplinaire
organisée par Aurélie Névot
29 juin 2010
Centre d’Études Himalayennes (CNRS-UPR 299) Salle de conférences, rez-de-chaussée 7, rue Guy Môquet 94801 Villejuif Cedexhttp://www.vjf.cnrs.fr/himalaya/fr/planvjf.htm
La relation
maître-disciple
Approches transdisciplinaires sur la nature et les voies de la transmission
THÉMATIQUE
Lors de cette journée d’études, nous nous intéresserons aux processus de transmission d’un savoir. Nous nous interrogerons en particulier sur les rapports établis entre maîtres et disciples, sur la relation nouée entre eux, ainsi que sur la nature et les voies de la transmission dans ce cadre spécifique.
Comment une telle relation est-elle pensée? Comment s’inscrit-elle dans les discours (dans un cadre écrit ou oral), dans la mythologie, dans la gestuelle, etc.? Que donne à en voir l’observation (décalages)? Qu’en est-il de la personnalité du disciple et de celle du maître? Quand le disciple acquiert-il le statut de maître? Est-il perfectible? Peut-il être «parfait»? Quand le disciple surpasse-t-il le maître? Le surpasse-t-il jamais (réflexions sur l’incommensurabilité et l’incomplétude)? Que dire de l’autonomie de l’un par rapport à l’autre, de la créativité? Comment perdure le lien «originel» (chaîne de transmission), et sous quelle forme? Au contraire, doit-il être brisé pour permettre de poursuivre la lignée (réflexions sur la transmission comme forme d’aventure tournée vers l’avenir)?
Ces questions d’ordre général ont pour seule ambition de servir d’amorces à la discussion qui s’engagera à partir des différents points de vue que chacun des intervenants – philosophes, historiens, ethnologues – portera sur la relation maître/disciple.
Here the PDF.
PROGRAMME
Matinée
9.30-10.00
Aurélie Névot (Ethnologue, CNRS, Centre d’Études Himalayennes, UPR 299)
Introduction – Au fil de la transmission : un corps à corps
En guise d’avant-propos à cette journée d’études, je propose d’évoquer trois thèmes : le premier concerne les supports de transmission entre maître et disciple – l’oralité et l’écriture, « le corps à corps » qu’ils impliquent. On se basera alors sur des pratiques chamaniques du Yunnan (Chine) qui créent une chaîne de transmission entre initiés par le biais de leur « écriture parlée » (ou de leur « parole écrite ») ; le deuxième portera sur l’incomplétude (la part manquante qui initie un processus de création) et l’asymétrie (voire l’incommensurabilité) entre maître et disciple – sujets développés à partir de « motifs » mythiques de cette même société chamanique – ; le dernier réintroduira les notions de « corde », de « lien » qui nouent une telle relation, et développera l’idée d’affect et de rapport « homoérotique » qui l’accompagne parfois – on se réfèrera alors à « Rope », film d’Alfred Hitchcock (1948) adapté de la pièce de théâtre de Patrick Hamilton (1929).
10.00-10.45
Patrice Loraux (Philosophe, Université Paris I Panthéon-Sorbonne)
La transmission de maître à disciple dans la philosophie grecque et dans ses réinterprétations contemporaines
10.45-11.00
Pause café
11.00-11.45
Alexander Schnell (Maître de Conférences HDR de philosophie à l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV), Co-coordinateur du Master Mundus « EuroPhilosophie »)
Vision, parole, écriture. La conception de la transmission chez Fichte
Je me propose d’exposer la conception fichtéenne de la transmission du savoir dans la « Doctrine de la Science » de Fichte (un aspect très rarement abordé dans les recherches en philosophie classique allemande). En m’appuyant d’abord sur des données biographiques et relatives à l’édition de ses œuvres (publiées par son propre fils!), j’essayerai de clarifier le rôle de la parole et de l’écrit dans la transmission de maître à disciple. Il apparaîtra alors que cette conception occupe une place décisive dans sa philosophie puisqu’elle confère une dimension intersubjective au noyau théorique de sa doctrine.
11.45-12.30
Françoise Waquet (Historienne, CNRS)
Un professeur/un maître/mon maître
Mon exposé se fonde sur un recueil de témoignages contemporains que des élèves ont donnés sur leur professeur de philosophie (Portraits de maîtres. Les profs de philo vus par leurs élèves, sous la direction de Jean-Marc Joubert et Gilbert Pons, Paris, CNRS Éditions, 2008). Je me propose 1) de décrire et d’analyser la transmission du savoir de celui qui sait vers celui qui ne sait pas, en explorant les différents modes de cette transmission (oralité, geste, écriture) et leurs interactions ; 2) de voir comment un professeur se trouve constitué par un élève en un maître, voire en son maître dans toute sa singularité et toutes ses conséquences.
12.30-14.00 : déjeuner
Après-midi
14.00-14.45
Gérard Toffin (Ethnologue, CNRS, Centre d’Études Himalayennes, UPR 299)
La transmission maître-disciple et la notion de « parampara » dans une secte krishnaïte
Les groupes sectaires hindous sont en grande partie basés sur des liens spirituels transmis de maître à disciple et/ou initié. On s’interrogera principalement sur les hésitations auxquelles ces organisations religieuses font face lorsqu’il s’agit de transmettre l’autorité religieuse au sein du groupe. En règle générale, deux tendances s’affrontent : rester dans les limites de la parenté biologique et transmettre la charge à un descendant, ou rester fidèle au principe de transmission purement spirituelle en choisissant quelqu’un hors de la parenté. La question est importante car elle commande la légitimé des maîtres spirituels et touche à la mémoire que le groupe se construit.
14.45-15.30
Ingrid Le Gargasson (CEIAS- EHESS)
La « tradition de maître à disciple » dans le cadre de la transmission de la musique hindustani en Inde du Nord
Dans le cadre de la musique hindustani, la musique dite « classique » de l’Inde du Nord, je présenterai le principe du guru-śiṣya-paramparā, littéralement : la « tradition de maître à disciple », tel qu’il est idéalement conçu. Dans un deuxième temps, j’aborderai les représentations actuelles attachées au mode traditionnel d’apprentissage sur la base d’une ethnographie des pratiques d’enseignement de la musique hindustani et d’entretiens menés avec plusieurs musiciens ces dernières années. Je développerai ainsi un aspect « nouveau » du lien entre maîtres et disciples, à savoir le plus grand rôle du disciple et sa plus grande autonomie au sein de la relation.
15.30-16.15
Anne de Sales (Ethnologue, CNRS, Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative, UMR 7186)
Pourquoi deux maîtres ? La relation maître-disciple dans une tradition chamanique himalayenne
Chez les Kham-Magar de l’ouest du Népal, le futur chaman acquiert son savoir par deux voies différentes : la première est censée être celle des esprits des ancêtres qui l’ont élu comme leur future réincarnation, tandis que la seconde est celle d’un long apprentissage de milliers de vers qui précède ou suit, selon les cas, la consécration du néophyte. Tous les chamans, et ils peuvent être nombreux dans un même village, revendiquent d’être la réincarnation de l’ancêtre primordial, le héro des chants. La tension structurelle entre la singularité irréductible de chaque chaman et l’institutionnalisation de leur fonction se reflète dans les comportements et leur ritualisation : si le chaman se soumet respectueusement à ses maîtres qui l’ont fait « naître », il rivalisera tout au long de sa carrière avec ses pairs. La règle qui veut qu’un néophyte ait deux maîtres sera explorée sous l’angle de la cohérence formelle de cette tradition dominée par le parallélisme et de ses conséquences fonctionnelles.
16.15-17.00
Conclusions
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